Il est des endroits auxquels on s'attache. Parfois, ces lieux dégagent quelque chose qui nous touche au plus profond. Une lumière, une ambiance, un parfum ... tout cela réuni ou plus simplement, un sentiment indicible, mais toujours une ressource plus ou moins nécessaire que l'on y trouve et dont on revient un peu meilleur.

  Sur quelques arpents de terre, une poignée d'épicéas vaguement alignés en rangs serrés.

  Ça et là, un intrus a pris la forme d'un saule ou d'un chêne. Au sol de cette aire ombragée, un épais tapis d'épine offrira un matelas moelleux pour qui s'y allonge . Dans cette ambiance feutrée, bercée par le vent dans les cimes, sieste garantie.

  Au réveil, surtout ne pas bouger trop vite, mais d'un œil, encore engourdi, scruter délicatement les alentours. Le soleil, déjà plus bas, pénètre loin et éclabousse ce cocon d'une belle lumière blonde.   

  Peut-être qu'insouciant, un jeune brocard s'est aventuré le long du fossé, ou ne va pas tarder à apparaître derrière cet arbre ... Des craquements à droite ... Sans doute les jeux effrénés de deux écureuils  qui se coursent autour d'un tronc.

Et là, au sol, déjà curieux comme le sont ses aînés, un Rouge-Gorge juvénile s'intéresse de tout près à une forme allongée qui bouge lentement.

Plus tard,  l’épervier fendra l'air dans un souffle glacial. Le renard et la fouine passeront cette nuit, c'est sûr, et s'attarderont, suspicieux, sur l'empreinte que j'aurai laissée.

 Il est temps de rentrer.